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14 avril 2014 1 14 /04 /avril /2014 08:24
JULIETTE ET LE PAPILLON....

Bonjour bel équipage !

J’espère que la mer était bonne ce week-end passé et que vous avez eu bonne brise dans les voiles !

Une semaine recommence, reprenons le rythme, au travail la jeunesse, les anciens au jardin pour ceux qui ont la chance d’être à la campagne (s’ils aiment ça !), et aux plaisirs des villes pour ceux qui préfèrent !

Il n’y a que les enfants qui voient un changement car je crois que ce sont les vacances pour eux. Alors bonnes vacances et amusez-vous bien !

Ben, tiens, ça tombe bien, voici une petite histoire que j’ai écrite hier !

Juliette et le papillon.

Juliette était assise sur un seau retourné, dans la semi obscurité de la cave, faiblement éclairée par un soupirail haut perché et profond. Le corps penché en avant, ses cheveux droits et demi longs tombaient en lignes raides et brunes autour de sa tête penchée et cachaient son visage. Ses petites mains sales, au-dessus d’une caisse, s’activaient à frotter des pommes de terre pour en ôter les germes et au fur et à mesure elle jetait les tubercules dans un panier ou un autre après avoir considéré sa taille approximative.

Pendant que ses doigts travaillaient de façon automatique, sa cervelle bouillonnait :

-« J’en ai marre d’être la plus grande. C’est toujours moi ! Toujours moi qui dois me taper les corvées. Les autres s’amusent dehors au soleil, je les entends rire, et moi je suis en train de germer comme ces patates. Et personne ne me dira que c’est bien ou merci ! Non, « c’est normal » me dira-t-on ! Maudit raton ! Je suis la plus grande alors je « dois aider » ! Ben, j’en ai marre. »

Mais comme elle était bonne fille, savait se contrôler et voir la réalité des choses et les obligations de la vie, elle se mit à chanter doucement pour oublier de penser et de devenir amère.

-« Le printemps qui charme les bergères, le printemps ne dure pas longtemps… »

Quand soudain une petite ombre flottante et agitée attire son attention.

Elle lève son museau en rejetant ses cheveux en arrière à l’aide de son épaule à cause de ses mains qui continuent à œuvrer et elle cherche dans la lumière en faisceau qui tombe de l’ouverture au ras du plafond.

Ah ! C’est un papillon !

Elle sourit. Un petit papillon Citron volette contre le grillage comme s’il voulait entrer…Ou bien attirer son regard.

-« Bonjour Papillon ! »

Elle continue, contente d’avoir une diversion :

-« Tu as de la chance joli papillon, tu es dehors au soleil, toi !

- Eh bien, viens! » Répond le papillon.
Si Juliette a l’habitude de parler aux choses, aux animaux, à elle-même, après tout il n’y a qu’eux pour l’écouter vraiment, elle n’a tout de même pas l’habitude qu’ils lui répondent
!

Elle cherche machinalement autour d’elle qui a parlé, ne voyant personne interroge :

-Qui m’a répondu ?

-Celui à qui tu as parlé bien sûr !

- Au papillon… Au papillon ? Mais les papillons ne parlent pas !

-Qu’en sais-tu ? Tu sais tout ? Ce n’est pas parce que nous ne conversons pas avec tout le monde et n’importe qui que nous ne pouvons pas parler quand une petite fille aussi gentille nous adresse la parole !

- Attends…Je rêve ! Bon, si tu peux me répondre, dis- moi ton nom, le vrai…

-Citron

-Non, trop facile ! Ton véritable nom latin, je le connais, je saurai si tu me racontes n’importe quoi

-Ah bon ! He bien je suis un Gonoptéryx rhamni. Ca te va ?

-Sûr, ça me va ! Alors là tu m’étonnes ! Alors raconte, c’est chouette d’être papillon ?

- C’est comme tout, il y a des risques mais il y a aussi de bons moments ! Tu veux venir ?

-C’est cela, fiche toi de moi ! Je suis là coincée avec mes tubercules, il faut que j’aie fini cela ce soir. Je n’ai pas le temps de m’amuser ! De plus, une fois dehors, tu vas filer sur les fleurs et moi je resterai comme une buse de béton dans le gazon !

-Mais non ! Ce que je te propose justement c’est de venir voler avec moi.

- Mais… C’est impossible !…

- Si tu as la trouille… Mais si tu le veux vraiment je peux t’aider à passer à travers ce grillage et me suivre.

-OK, j’ai compris, tu es un rigolo ! Bon, ça va je veux bien rire avec toi si c’est ton jeu, c’est toujours mieux que de m’ennuyer dans le noir et l’humidité.

- Comment t’appelles-tu ?

-Juliette.

-Plus facile que mon nom. Donc Juliette je te propose, si tu le veux vraiment , de venir être papillon quelques minutes avec moi. Pour cela il faut me faire confiance, complètement détendue, fermer les yeux et m’écouter…

-Mais les patates ?

-Je m’en occupe également.

-Alors oui, je veux voir ça…

-Ne pense plus. Tu n’es plus Juliette, fais le vide, tu n’es que vie, une étincelle. Concentre-toi et écoute ma voix…Tu n’es rien, tu es vide, tu n’as plus de membres, plus de ventre, plus de fesses, tu n’es qu’une étincelle d’intelligence, tu n’as plus de poids, tu deviens légère, légère, impalpable…Tu te sens au-dessus du sol, planant dans le vide, tu es papillon, tu as des ailes accrochées à tes anciennes omoplates et tu peux les bouger, tu sens comme elles sont à la fois raides et légères et elles te portent, remue les, avance, doucement pas trop fort, va doucement et vient vers moi, monte vers la lumière, monte vers la liberté, monte vers la joie… »

Et Juliette ne pèse plus rien, elle est devenue papillon et va vers le grillage. Elle s’accroche de ses pattes minuscules munies de petits crochets, elle se retourne et voit, sur le seau, sa silhouette translucide comme une chrysalide vide dont les mains continuent à frotter et trier les légumes.

Ses yeux à facettes se retournent vers Citron qui lui montre un passage entre les mailles du grillage. Elle se glisse en faisant attention de ne pas déchirer ses ailes et là, un peu étourdie, éblouie par la lumière, elle se retrouve au bord de la pierre, face au jardin, ses frères et sœurs jouant devant la maison, et au loin la campagne qui se chauffe au soleil.

-« Tu viens ?

-« mmm..Je voudrais bien, mais j’ai peur de tomber…

-« Tu sais nager ?

-« Oui, mais je ne vois pas le rapport ?

-« Souviens toi, tu n’osais pas parce que quand tu étais dans peu d’eau, tu coulais. Mais une fois que tu as eu le courage d’aller où tu n’avais plus pied, tu t’es aperçue que le courant te portait. Eh bien c’est pareil.
Si tu restes là , à ce niveau, tu ne décolleras pas. Mais tu vas faire comme moi, regarde comment je pose mes ailes au départ et regarde comment je pousse avec mes pattes, cela va te projeter et tu seras portée. Et dis-toi bien que si tu tombais, tu es si légère que tu ne te ferais pas grand mal.
»

Juliette, le cœur battant d’appréhension tout de même, regarde bien comment fait Citron, qui, maintenant, l’attends après une volte- face aérienne en faisant du sur-place…Elle hésite quelques secondes encore et…Elle se lance ! Peut-être un peu fort mais qu’importe, elle agite ses ailes frénétiquement et même si le vol est dans les turbulences, elle tient !

-« Ah ! à ce train là, ma petite Juliette, tu vas vite être épuisée, fais tes mouvements plus amples, sens l’air sous tes ailes jusqu’à ce que tu te stabilises, oui, comme cela, et tu vois, tu n’as plus besoin d’en faite tant ! »

Juliette parcours quelques petites distances, essaie un virage maladroit, prend de l’assurance et…

Elle éclate de rire !

-« Je vole ! Je vole ! C’est merveilleux !

-« Alors viens, je t’emmène faire ma promenade préférée… »

Et c’est ainsi que tout en devisant joyeusement nos deux amis sont allés effleurer les corolles lumineuses et de toutes couleurs des fleurs du jardin, se sont posés sur les étamines que Juliette a goûtées avec plaisir, même celles légèrement amères, ils ont repris leur souffle en riant à l’ombre fraiche et douce d’une feuille du tilleul, ils ont bu une goutte de rosée conservée dans le calice d’un liseron, ils se sont querellés pour rire à celui qui arriverait le premier au cœur de la rose, ils ont fait la course jusqu’en haut des delphiniums, bref c’était encore mieux que Disneyland où le papa de Juliette avait emmené les enfants l’année dernière !

Soudain une ombre est passée au dessus d’eux, avion de chasse redouté. Oiseau. Citron réagit immédiatement.

-« Attention Juliette, c’est le danger. Tu n’es pas encore suffisamment exercée pour te défendre, je te ramène à la cave. Surtout tu ne racontes cela à personne, personne ne te croira. Mais j’espère t’avoir offert une belle journée !

-« Oh quel dommage que ce soit déjà fini, mais il est vrai que le soir va tomber et mes pommes de terre ne vont pas être terminées. Mais je te remercie Citron, cela restera la plus belle journée de ma vie !

-« Tu sais Juliette, je n’ai rien fait ! Il suffisait que tu y crois , TOI ! Allez au revoir ma belle et n’oublie pas : « Existe ce que tu veux qui soit, il suffit que tu y croies- !!!! »

Papillon accompagne Juliette jusqu’au grillage du soupirail et l’a regardée se glisser dans la cave avant de s’en aller…

Juliette s’est retrouvée comme par enchantement assise sur son seau retourné, penchée en avant, ses mains encore plus sales, mais tenant la dernière pomme de terre avant de la jeter dans le bon panier, elle avait fini sa corvée !

A ce moment justement la porte de la cave s’ouvre ;

-« Ca y est ma Grande, tu as fini ?

-Oui M’man.

-Fais voir ? Oh c’est bien, tu as bien trié en plus. Heureusement que je t’aie ma fille, je n’y serais pas arrivée toute seule et nous aurions perdu des pommes de terre.. Attends je vais t’aider à les couvrir… Ca va ? Tu ne t’es pas ennuyée ?

-Oh non maman. Je me suis transformée en papillon

-Ah toi et ton imagination, c’est bien, allez viens…»

Et sa maman l’attire contre elle un instant et lui pose un baiser dans les cheveux.

-« Je t’aime ma fille. Allez viens, on va aller dire à Papa ce que tu as fait, il va être fier de toi ! »

Et voilà !

Là-dessus chers tous, je vous laisse passer une bonne journée en rêvant d’échappées, comme fait Juliette, si ce que vous faites vous contraint, ou bien en goûtant pleinement les moments charmants de ce joli temps !

Toutes mes amitiés vous accompagnent joyeusement !

LN

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commentaires

J
Quel talent ! Merci Hélène. Grosses bises. Johanne
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G
J'étais tellement passionnée par ton histoire que je ne me souviens plus ce que tu as écrit au début !! faut que j'aille voir...<br /> Ah oui !! les enfants sont en vacances, ma Suissesse elle est en vacances depuis 1 semaine déjà et a encore 1 semaine de repos, j'espère que là-bas elle aura aussi du beau temps.<br /> Ah Hélène que c'est prenant de te lire .. Merci. Bonne journée à tous, ici plein de soleil et pas de vent. Bisous de gi<br /> Merveilleux ton dessin, tu sais combien j'aime les fleurs...
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