Bonjour les amis!!!
L’illustration c’est ma tulipe offerte aux dames lors du repas des anciens. C’est évidemment un peu recomposé pour l’image et je vous demande de deviner qu’elle peut-être la photo qui m’a servie pour faire le fond ! Allez, cherchez !
Vous attendez que je vous parle des rencontres de samedi!
Il y en eut beaucoup…
Il y a ceux qui manquent à l’appel… Tiens untel n’est pas là ? On demande et on apprend… « Il est malade », ou bien « il est parti »… Ça fait un trou que la vague vorace des jours qui déferlent refermera plus ou moins vite selon qu’on l’aimait beaucoup ou peu …
Et…
Des amis du début de notre arrivée en Corrèze que nous retrouvons avec plaisir. Nos chemins se sont un peu écartés par la force des choses, les situations changent avec les ans. Une retraite pour les uns bouleverse leurs emplois du temps, un travail différent qui prend le quotidien d’une autre personne, un décès qui casse une relation toute neuve mais je retrouve la partenaire survivante plus belle encore qu’avant. Là hélas cette autre personne a dû avoir un gros problème et cela se voit…. Et puis ces plus anciens qui semblent figés dans leurs physiques qui ne changent pas, restent gaillards malgré le temps qui passe, et cela rassure !
Et puis trois contacts plus précis :
Un couple habite plus loin que notre village. J’aimais beaucoup les parents du Monsieur, décédés hélas. Leurs enfants sont à la retraite maintenant dans la maison familiale.
Un jour que nous nous étions rencontrés nous avions parlé de l’ineptie de la SNCF qui avait un train pour aller à Clermont Ferrant et qui, 5minutes après être arrivé dans la grande ville, repartait dans l’autre sens, tout en étant le dernier et seul train de retour. Cela m’avait empêchée d’aller voir Michel à l’hôpital, je ne peux pas conduire dans une grande ville inconnue.
Et spontanément ce monsieur m’avait dit : « Mais pourquoi tu ne m’as rien dit ! Je t’aurais emmenée ! »
J’avais trouvé cela très gentil, d’autant plus que nous ne connaissions pas tant que cela.
Et là, comme ils ont maintenant Internet, ils nous ont demandé notre adresse mail, mais en plus ils ont réitéré leur promesse de nous aider si nous avions besoin d’aide, et ce n’était pas de la politesse seulement, c’était CHAUD et cela nous a vraiment émus. Merci à eux. J’espère que nous aurons un lien grâce à Internet, nous avons déjà échangé des images depuis hier!
Ensuite :
J’étais à la gauche de Michel et à sa droite une jeune femme. Gentiment la dame se tourne vers Michel pour lui dire quelque chose, mais les oreilles de mon cher et tendre sont pires que les miennes, la jeune femme insiste et j’entends son accent.
Alors je tire le starter, j’appuie sur l’embrayage et quitte à faire exploser ma batterie je fonce et dis :
-YOU-ARE-EN-GLISH ?
Là j’ai perdu trois kilos et tout mon humide dans l’audace de l’exercice !
Pourtant avec des efforts des deux côtés, Michel coincé entre nous, nous avons échangé un semblant de conversation.
Ce qui était amusant c’est que nous étions exactement au même niveau :
Elle lit en français comme je lis en anglais, mais quand il s’agit de deviner le son des mots, c’est une grande aventure pour chacune de nous !
Elle avait moins peur que moi car elle fait partie du village, elle est familière avec tout le monde, elle doit être très introduite dans cette petite société et avoir déjà beaucoup d’échanges avec eux.
Elle m’a montré la plaquette électronique de lecture, maintenant j’ai VU et c’est vrai que c’est clair pour lire sans déranger le conjoint quand il veut dormir ! Puis, tournant les icônes d’un doigt léger elle me montre les titres de ses livres et je vois JODI PICOULT !
Je saute :
-Oh Jody Picoult ! J’aime bien !
-Vous avez lu ?
-Oui
-C’est bien ? etc…
Jusqu’à ce que nous tombions d’accord, nous avons toutes deux des livres anglais que nous pourrions nous prêter mutuellement.
Je lui ai donné ma carte (J’avais mon sac exceptionnellement car nous devions aller faire des courses ensuite !) et elle a dit qu’elle passerait nous voir…à suivre.
Elle ne le fera peut-être pas, et je comprendrai, mais si elle le fait, cela me ferait plaisir !
Mais que j’ai du mal à comprendre ! Cette femme suit mieux ce que je dis que je ne le fais.
Et enfin le miracle de Lourdes :
Il y a un monsieur très âgé. Il m’a dit 90 ans, je ne sais si c’est cela et si j’ai bien compris.
Cet homme est sec, blanc de peau et de poil et les yeux clairs. Il est assis, sa canne entre les jambes, seul au bout de la table mais dans le passage afin de tout voir et si possible de parler avec les gens.
J’aimais bien sa femme, courageuse, solide qui veillait sur toute la famille nombreuse, mari compris, mais même si je n’ai pas les mêmes affinités avec lui, je le respecte. Aussi je viens lui serrer la main, il me raconte un peu sa vie, ses prothèses d’épaule, de genoux, de hanches, et comment il a encore eu de gros ennuis avec un de ses fils, et que maintenant sa santé devient fragile et qu’il ne peut plus se mettre en colère, et que s’il fait un mouvement de côté il tombe… Et je l’écoute avec compassion, c’est triste pour lui d’autant plus que c’était certainement un garçon charmeur et léger, il aime les fêtes, la danse, ne peut résister à prendre deux cuillères et rythmer la musique avec, en les claquant en cadence dans ses mains… Maintenant le pauvre est cloué comme une marionnette aux articulations métalliques… Ça fait mal de voir les dégâts de la vie !
A ce moment Michel qui connaît le problème me sauve la vie et me rend ma liberté en m’appelant au loin pour prendre place.
La fête continue et bat son plein, le temps passe, on mange, on danse, la musique à fond…
Et d’un seul coup…
Je vois mon gaillard qui fonce en s’appuyant sur sa canne, se dandinant , plié en avant, trottant à petits pas pressés et avec un grand sourire étalé sur le visage !
Mais où va-t-il ? Il va tomber ! Je suis presque prête à me lever pour le soutenir mais son sourire me retient…
Il arrive parmi les danseurs et…
Hop là, il attrape le pas, trois à droite, un lancer du pied et trois à gauche, un lancer du pied. La canne le gène, alors il la jette au loin, il est sur ses jambes, le torse un peu plié en avant, et il danse et la joie est en lui, la jeune anglaise se tourne et danse avec lui, un soleil de bonheur illumine son visage et je vous assure que c’était bouleversant pour moi, j’étais envahie de tendresse pour le jeune garçon resté caché dans ce corps de vieil homme, et ébahie devant le miracle que la musique et la danse avaient réussi à faire !
C’est fou les ressources qui sont en nous, insoupçonnées, et il suffit que quelque chose nous fasse dépasser les barrières que nous nous imposons pour réaliser des choses que nous n’imaginions pas.
Le miracle !
Et j’arrête là, c’est la fin de la fête et je vous ai soulés de mots mes pauvres amis !!!
J’espère au moins que cela vous aura distraits !
Je vous envoie toutes mes amitiés en vous souhaitant une excellente journée !
LN