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19 novembre 2012 1 19 /11 /novembre /2012 19:55

J’ai cherché mais je ne vais rien vous inventer, c’est juste une histoire que l’on racontait aux veillées berrichonnes et que j’aime bien.

Asseyez-vous confortablement, mais vous verrez, celle-ci n’est pas très longue. J’en ai de pires !

 

L’histoire se passe quand ma grand-mère était jeune. Au village il y avait une dame sans âge ; pour savoir il faudrait aller regarder dans sa Bible là où étaient inscrites les dates importantes de son arbre. Ce n’était pas un palmier c’est pourquoi j’ai bien écrit date avec un seul t.

Cette dame s’appelait Marie comme pratiquement toutes les femmes du village. Mais on trouvait toujours un moyen de les distinguer les unes de autres, aussi celle-ci était la « Marie-aux-chieuves », ce que vous traduirez par la Marie-aux-chèvres avec un accent moins lourd de terre.

V’là t’y pas qu’un jour la Marie passe dans l’village au moment même où l’vétérinaire arrivait anc sa voiture. (anc n’est pas une faute, ça veut dire avec. Pour l’orthographe je n’ai jamais vu de berrichon écrit alors, vous devrez vous débrouiller, mais vous êtes si malins !)

Le vétérinaire, courtois, lui dit :

« Hé bien la Marie ! Comment allez –vous ?

-Oh ben dame, ça va point fort, dame non…

-Qu’y a-t-il donc qui vous chiffonne ? Mais dites-moi, je vois bien vos « fifilles » mais je ne vois pas votre bouc ?

-Ben c’est ben ça ! C’est l’bouc qui m’chiffonne comme vous dites ! Il est ben mal…

-Comment ça Marie ? Qu’est-ce qu’il a ?

- Oh y branle ben ! (je traduis avant que vous n’ayez de gauloises pensées, cela veut dire qu’il tremble ou balance de droite à gauche !)

- Comment ça ?

-Dame voui, j’suis ben inquiète, j’en suis toute virée..

- Oh Marie ce ne doit pas être si grave ! Allez, je passerai demain voir votre animal !

- Ben, c’est qu’ça va m’couter !

- Ne vous inquiétez pas on verra ça, pour l’instant ce qu’il faut c’est le guérir.

- Oh vou’êtes ben gent’ !!! aurevouère M’sieur l’vétérinaire ! »

 

Le lendemain le vétérinaire bien gentil comme avait dit la veille la Marie, vient voir le bouc…

« -Mmm ? Alors Marie, qu’a donc cet animal ?

-« ben j’sais point, d’pis deux jours y branle ben… L’est tout chaud… J’a ben peur d’el perdre et ça m’frait du tort !!!

-Je vois bien Marie, mais on va vous le soigner ! Oui, oui, cet animal a pris un coup de froid !

-Ben j’cré ben, Il a plé (plu) qu’y s’tait trempé  au lieu de s’met’ à l’abri c’te sot!!!!

- Votre bouc a une pneumonie.

- Mon Dieu, Mon Dieu, qu’est c’que j’va dev’ni sans mon bouc ! C’est qu’y m’ramnait ben queuqu’sous !

- Vous allez bien le soigner. Vous allez lui donner ses pilules et puis surtout, vous le gardez bien au chaud !

-Ben dame voui. Pouvez compter sur moé ! Merci M’sieur l’ vétérinaire !

 

Quelques jours plus tard, Monsieur le vétérinaire rencontre la Marie avec ses chèvres ET le bouc !

-«  Ah Marie ! Comme je suis content de vous voir ! Eh bien il va bien votre animal ! Vous l’avez bien soigné !

-Oh pour sûr !!!

-Vous lui avez donné toutes les pilules ?

-Oh ben dame voui

-Et vous l’avez gardé bien au chaud ?

-Oh pour ça voui ! Pour qu’il ait ben chaud, j’la mis dans mon  lit anc moé !

-Oh Marie !!! Mais l’odeur !!!!

-Ah ben dame, s’ y voulait guérir fallait bien qui s’habitue ! »

 

Pour toute personne qui ne connaîtrait pas les caprins, le bouc a la fâcheuse habitude d’exhaler un parfum très personnel dont on ne se débarrasse pas facilement ! Mais l’hygiène des gardiennes de chèvres qui n’avaient que de l’eau froide pour sa laver n’était pas très respecté. Ne disait-on pas que l’odeur du bouc protégeait des maladies ?

Marie, c’est évident, pensait toujours à se protéger !

En espérant vous avoir amusés ! Dormez bien maintenant!

Avec mes amitiés

LN

 

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commentaires

B
Je me demande ce qu'on ferait sans toi et tes belles histoires, de plus, marrantes et si bien écrites ... Merci Hélène. GB
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