Bonjour chers amis!!!
Voici une histoire vécue:
Si jeune et si tendre, vêtue de son corselet de satin vert, elle rêvait de voir l’horizon, mais sa tige mère veillait jalousement à ne lui faire prendre aucun risque.
L’été triste et pluvieux passa sans que la jeune Rose ne puisse sortir même le bout de son nez. Elle s’impatientait de connaître, sur sa peau délicate, la caresse du vent, la fraicheur de la pluie, et la tendresse du soleil… Vint l’automne où quelques belles journées ensoleillées lui rendirent l’espoir de vivre autre chose que cet exil confiné mais après avoir juste montré une pointe de chair douce au sortir de son col, que le mauvais temps revint, chargé de neige molle et de gel crispant, de pluie triste et décourageante.
Pourtant, elle n’allait pas mourir comme cela sans avoir vécu ? Sans avoir vu les sapins qu’elle entendait grincer du fond de sa cellule capitonnée au rythme valsé des respirations d’Eole ? Sans avoir rencontré le fauve de la maison qui venait régulièrement uriner en miaulant juste près des pieds de sa génitrice ? Sans avoir bu la douce pluie de vie entre ses lèvres de velours ?
C’est ainsi que le 14 décembre exactement de l’année 2014, elle prit la décision ultime de se confronter à tous les risques plutôt que de ne rien connaitre et disparaitre momifiées à jamais.
Après une profonde inspiration, le cœur palpitant, elle poussa de droite et de gauche les sépales qui l’enfermaient et, fière, droite, glorieuse de sa jeunesse avide, la rose un peu pale, se dressa vers le ciel !
Du haut de sa longue tige effeuillée par le gel, elle put enfin contempler la montagne camouflée frileusement dans son édredon de brouillard, les sapins immenses et fiers, noirs comme des ombres chinoises, rangés comme une armée en attente, le chat roux couché en rond, le nez au chaud entre ses cuisses, sous un buisson protégeant encore quelques feuilles craquantes pour faire, à l’animal, un tapis sec et elle aspira largement cette énergie, ce calme qu’offre seule la nature.
Le vent se leva, agressif et jaloux de cette beauté dont il ne pouvait profiter. Il tourna, vira autour de la belle, l’entortillant dans ses volutes agressives et glaciales et Rose comprit que son temps de vie serait court, très court…Déjà elle baissait le front devant l’affront fait à son avenir…
C’est alors qu’Hélène arriva avec une paire de ciseaux, la sépara définitivement de sa tige mère, l’emporta précautionneusement au chaud de sa maison…
Rose ne se défendit nullement, intéressée par un sort dont ne lui avait jamais parlé sa tige-mère. Fatiguée mais curieuse elle appréciait cette nouvelle aventure qu’elle n’espérait plus.
Là, sans que Rose ne se défende de quelques coups de griffes très féminines pourtant, elle se vit transportée dans un petit paradis, minuscule, où déjà des plantes de races différentes vivaient en souriant et bavardant gentiment une sorte de convalescence.
Un fenestron mal éclairé par l’épaisseur du mur et la chiche lumière de l’hiver protégeait quelques lits de terre, certains petits et ronds, d’autres plus larges et rectangulaires, dans lesquels s’épanouissaient tant bien que mal des verdures disparates qui accueillirent Rose avec gentillesse. Elle-même se retrouva plantée droite dans un flacon à col long et étroit avec de l’eau à douce température et elle poussa un long soupir d’aise en relevant sa corolle.
Pendant des jours, elle fleurit de ses plus beaux sourires, diffusant ses effluves parfumés de framboise au-dessus de l’évier et d’Hélène qui admirait avec reconnaissance et tendresse sa nouvelle compagne en faisant la vaisselle…
H.PORCHER 16 dec.2014
Je me sauve en vous souhaitant une excellente journée, à l’abri, car s’il ne fait pas vraiment froid, nous sommes tout de même mieux près du feu !
Avec les élans de mon cœur je vous dis à demain… si ça marche toujours !
LN